Hier soir, l’émission « A vous de juger » d’Arlette Chabot, dont je me plaignais d’ailleurs d’être exclu, a tellement été lamentable que finalement mon absence a été plutôt une chance.
En effet, quel spectacle pitoyable de voir les responsables des principaux partis politiques français sacrifier à ce point le débat européen sur l’autel d’un incroyable concours de beauté, ou plutôt d’un vulgaire jeu de massacre ! La classe politique a payé hier au prix fort l’étouffement du débat qu’elle a suscité ou laissé faire.
Les mensonges indécents de Mr Bertrand et de Mme Aubry, faisant croire qu’ils pouvaient peser sur le cours de l’Europe alors qu’ils savent pertinemment qu’ils ont abandonné les instruments nécessaires et qu’ils sont en minorité à 27, étaient indignes.
F. Bayrou et D. Cohn-Bendit ont hélas sombré dans l’invective pure et simple et confirmé, entre tous, que la chasse à la place intéresse plus que n’importe quel débat européen sur le fond.
Pour les autres, à l’exception de J.L. Mélenchon qui porte un bon diagnostic mais rêve tout éveillé une Europe sociale dont ne veut pas une majorité de nos partenaires, les trois leaders du NON, Besancenot, Villiers et M. le Pen, ont assuré le répertoire habituel des lamentations et étaient incapables d’apporter des solutions crédibles.
On critique beaucoup les invités, mais il ne faudrait surtout pas oublier le maître des cérémonies de cette étrange émission qui, malgré ses dénégations anticipées, porte une écrasante part de responsabilité dans ce fiasco démocratique. Imposant les thèmes, coupant les uns et les autres comme une maîtresse d’école, faisant les questions et les réponses, prenant part au débat comme si elle en avait été partie prenante au même titre que les candidats, Arlette Chabot s’est rendue plus d’une fois odieuse au public, essuyant un très mérité « Allez au diable ! » de la part de l’un de ses invités. Se souvient-on que France Télévisions est pour une large part financé par les contribuables, qui sont en droit d’attendre autre chose que cette mascarade !
Et à ceux qui en douteraient, je renvoie vers l’émission « questions de générations », diffusée sur France4 - dont l’enregistrement est consultable sur nos sites - qui fut d’une tout autre tenue…
Cette émission prouve à quel point notre pays est mal parti et combien il faudra un profond renouvellement politique pour offrir aux Français une sortie de crise réaliste et concrète.
Je comprends alors pourquoi l’on ne m’a pas invité. Cela pouvait tellement gêner les partis établis de nous voir, nous gaullistes, républicains, partir d’un constat lucide de la situation pour offrir des vrais remèdes. Mais, nos remèdes, pour l’instant, heurtent les tabous de l’élite bien-pensante française dont l’animatrice-vedette de France2 est la pure représentante.
Cette incapacité à admettre que le monde change, à comprendre l’intensité de la guerre économique à laquelle se livrent les grandes puissances, cette naïveté qui ressemble malheureusement à celle de la France de l’entre-deux-guerres, cette incapacité à imaginer des projets d’avenir capables de mobiliser les jeunes générations et de sortir le pays de l’ornière, sont autant de symptômes de la profonde crise morale et politique qui n’en finit plus.
Il faut rompre ces traités indignes qui nous enferment dans une Europe impuissante. Il faut rendre à la France sa liberté. Il faut bâtir des coopérations à la carte entre nations, maîtresses de leur destin. Tôt ou tard, cette nécessité s’imposera d’elle-même et il nous faudra être prêt à en relever le défi.
NDA